Viña del Mar et Concon chez une grande toque du Chili

En septembre 2019 je travaillais depuis deux semaines dans un bar de nuit et prenais connaissance des conditions de travail dans ce milieu au Chili: paie de base de 14 euros, hors pourboires, pour 9 heures de présence (et fin de la nuit entre 3h et 5h du matin selon les soirs), retour la nuit à la charge de l'employé, et rencontre de personnes éméchées sur le chemin du retour, addition à la charge du serveur si un client se mettait en tête de faire perro muerto - soit de partir sans payer... Bref je n'aspirais pas vraiment à rester sur ce lieu de travail, et j'ai été rappelée par Francisca, chef cuisinière d'un restaurant traditionnel chilien du Cerro Alegre. Je ne connaissais pas grand-chose à la cuisine chilienne ni au service, mais elle appréciait le fait que je parle d'autres langues, et m'a donné ma chance.pi

Toujours soucieuse de la cohésion de son équipe, exigeante autant sur le plan de la qualité de la cuisine que sur celui de l'hygiène des lieux et de l'attention portée à la clientèle, ambitieuse et pleine de beaux projets commerciaux, combative entre son travail et sa vie de famille... J'ai découvert une belle personne au fort caractère, et ai appris beaucoup de choses grâce à elle et à l'ensemble de l'équipe. Je n'avais pas idée de ce qu'était un caldillo de congrio (soupe de congre), un pastel de choclo (hachis de boeuf, poulet, olives, oeufs, raisins secs avec une purée de maïs broyé avec du basilic, traditionnellement servi avec une ensalada chilena, à base de de tomates et d'oignons rouges), une plateada (viande de boeuf mijotée pendant 24 heures), et j'en passe... J'ai débouché des bouteilles de carmenere, de cabernet sauvignon, de sauvignon blanc et de chardonnay, attentivement choisies par Francisca pour agrémenter ses plats... Et aussi servi des borgoña (vin rouge mixé avec des fraises), des pisco sour (cocktail à base d'alcool de raisin, de jus de citron, de sirop de sucre et de jaune d'oeuf), des vaina (cognac, liqueur de chocolat, sherry, cannelle et blanc d'oeuf), et encore d'autres préparations chiliennes...

Je n'ai pas pu rester dans ce restaurant, mais nous sommes restées en lien après cette première rencontre et j'ai eu le plaisir de la retrouver pendant ce voyage et de rester quelques jours chez elle à Viña del Mar, la commune accolée à Valparaiso dans laquelle elle a grandi. Après un délicieux déjeuner partagé ensemble, on a décidé de marquer nos retrouvailles par quelques festoieries, avec elle et son conjoint Miguel, autour de verres à l'Anfiteatro et au Viaje, bars de la montée Cumming, dans lesquels on peut fréquemment profiter de soirées musicales. Pisco sour et jam de jazz, on aurait difficilement pu espérer mieux pour se retrouver, et on sympathise à la fin du jam avec Erick, un clarinettiste très sympa d'origine mapuche, venu du sud du pays pour quelques jours. Le réveil est un peu difficile le lendemain matin!

Première photo, de gauche à droite: Juan Pablo, moi, Natalia, Francisca, Kati et Benjamin après une journée de travail. Deuxième photo: moi, Daniela, Guillermo, Emilio et Francisca.

On part en excursion toutes les deux ensemble à Concon quelques jours plus tard, faire une petite promenade en bord de plage, voir les oiseaux de la réserve et écouter leur bourdonnement, et déjeuner de délicieux plats chiliens dans un restaurant traditionnel, La Perla del Pacifico. On rigole et on parle de sujets profonds, on se régale... Francisca est censée aller au travail mais elle est excédée et a une capacité fantastique à piloter son équipe à distance, alors on repousse l'heure en continuant de descendre des mojitos de maracuya et autres préparations... On rentre ravies d'avoir passé une aussi belle après-midi à prendre le temps ensemble, et on se revoit encore autour de festivités pour ma despedida. Elle a un projet depuis longtemps de venir découvrir l'Espagne et d'autres villes européennes, il ne me reste plus qu'à espérer qu'il se réalise bientôt!

La plage de Concon, la réserve d'oiseaux, et la décoration du bus qui me fait bien rire sur le chemin du retour.